1. PRÉSENTATION
Saint François recevant les stigmates, peinture de l'italien
Giotto et de son atelier, réalisée vers 1300.
Réalisé pour l’église San
Francesco de Pise, le retable est une tempera et feuille d’or sur panneau de
bois mesurant 313 x 163 cm. Il est exposé au musée du Louvre à Paris et
représente saint François agenouillé, vêtu de la bure, et recevant
les cinq stigmates du Christ. En dessous, la prédelle
illustre en trois panneaux d’autres épisodes de sa vie : la Vision du pape
Innocent III, le Pape approuvant les statuts de l’ordre et Saint François
prêchant aux oiseaux.
Giotto (1267-1337) est un peintre
et architecte toscan qui est considéré comme l’une des figures majeures de la
peinture du Moyen Âge gothique.
2. DESCRIPTION
Tout d’abord, on note la forme
inhabituelle du tableau et du cadre. La partie supérieure se terminant « en
pointe » donne à l’ensemble une forme pyramidale qui souligne la
monumentalité du saint. Par ailleurs, le cadre n’est pas peint, ce qui
constitue une autre singularité. La partie supérieure du tableau est la plus importante de part sa grandeur. On peut y voir
saint François recevant les stigmates, établissant ainsi une forme de lien
entre le Christ et lui, une connexion douloureuse. La perspective ne suit pas
un schéma « mathématique » : on ne distingue pas de ligne de
fuite. Ici, la perspective est archaïque, elle est marquée par la hiérarchie
des personnages. C’est leur taille sur le tableau qui permet de la mettre en
évidence. Ainsi, saint François est plus grand que le Christ, lui-même plus
grand que les maisons ou les arbres sur la montagne.
Le fond d’or fait référence au
divin et se révèle perturbant lorsqu’on recherche la source de lumière qui
illumine le tableau. Finalement, cette source lumineuse semble venir de la partie
supérieure droite du tableau, peut-être du Christ lui-même.
On constate l’introduction de la
nature dans ce tableau commandé par l’église : la montagne et les arbres
représentent cette ouverture. Giotto est l’un des premiers peintres à
s’émerveiller pour la nature.
On peut également remarquer une
certaine souplesse dans les plis de la bure de saint François, comme pour
donner de l’ampleur aux mouvements de ce dernier. La souplesse des tissus et
les expressions de saint François et du Christ donnent un effet dramatique à
l’ensemble. La mise en scène permet de voir les personnages en action, en
mouvement.
3. CONCLUSION
Giotto propose une nouvelle représentation de la réalité. En rupture avec
l’idéalisation byzantine, il revient à une expression du réel dans laquelle
priment la narration, l’ouverture de l’espace, la mise en situation des
personnages, l’attention portée à la nature, le sens des détails concrets.
L’introduction d’une dimension
humaine et psychologique renouvelle le rapport à l’absolu, au divin. Bientôt à
maturité, la
peinture de Giotto s’impose par le sens de la composition stricte des masses et
des rythmes, de la plasticité des formes et des couleurs. Elle instaure un
naturalisme dans lequel « l’espace », condition du développement des formes, et
« l’expression », condition de l’effet dramatique, sont les deux conquêtes
essentielles, déterminantes pour toute la peinture italienne.
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