mercredi 26 février 2014

Saint François recevant les stigmates

  1. PRÉSENTATION

Saint François recevant les stigmates, peinture de l'italien Giotto et de son atelier, réalisée vers 1300.  



Réalisé pour l’église San Francesco de Pise, le retable est une tempera et feuille d’or sur panneau de bois mesurant 313 x 163 cm. Il est exposé au musée du Louvre à Paris et représente saint François agenouillé, vêtu de la bure, et recevant les cinq stigmates du Christ. En dessous, la prédelle illustre en trois panneaux d’autres épisodes de sa vie : la Vision du pape Innocent III, le Pape approuvant les statuts de l’ordre et Saint François prêchant aux oiseaux.
Giotto (1267-1337) est un peintre et architecte toscan qui est considéré comme l’une des figures majeures de la peinture du Moyen Âge gothique.


  2. DESCRIPTION

Tout d’abord, on note la forme inhabituelle du tableau et du cadre. La partie supérieure se terminant « en pointe » donne à l’ensemble une forme pyramidale qui souligne la monumentalité du saint. Par ailleurs, le cadre n’est pas peint, ce qui constitue une autre singularité. La partie supérieure du tableau est la plus importante de part sa grandeur. On peut y voir saint François recevant les stigmates, établissant ainsi une forme de lien entre le Christ et lui, une connexion douloureuse. La perspective ne suit pas un schéma « mathématique » : on ne distingue pas de ligne de fuite. Ici, la perspective est archaïque, elle est marquée par la hiérarchie des personnages. C’est leur taille sur le tableau qui permet de la mettre en évidence. Ainsi, saint François est plus grand que le Christ, lui-même plus grand que les maisons ou les arbres sur la montagne.
Le fond d’or fait référence au divin et se révèle perturbant lorsqu’on recherche la source de lumière qui illumine le tableau. Finalement, cette source lumineuse semble venir de la partie supérieure droite du tableau, peut-être du Christ lui-même.
On constate l’introduction de la nature dans ce tableau commandé par l’église : la montagne et les arbres représentent cette ouverture. Giotto est l’un des premiers peintres à s’émerveiller pour la nature.
On peut également remarquer une certaine souplesse dans les plis de la bure de saint François, comme pour donner de l’ampleur aux mouvements de ce dernier. La souplesse des tissus et les expressions de saint François et du Christ donnent un effet dramatique à l’ensemble. La mise en scène permet de voir les personnages en action, en mouvement.


  3. CONCLUSION

Giotto propose une nouvelle représentation de la réalité. En rupture avec l’idéalisation byzantine, il revient à une expression du réel dans laquelle priment la narration, l’ouverture de l’espace, la mise en situation des personnages, l’attention portée à la nature, le sens des détails concrets.


L’introduction d’une dimension humaine et psychologique renouvelle le rapport à l’absolu, au divin. Bientôt à maturité, la peinture de Giotto s’impose par le sens de la composition stricte des masses et des rythmes, de la plasticité des formes et des couleurs. Elle instaure un naturalisme dans lequel « l’espace », condition du développement des formes, et « l’expression », condition de l’effet dramatique, sont les deux conquêtes essentielles, déterminantes pour toute la peinture italienne.

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